Et puis elle est partie...

Publié le par Domiji

 Je n'avais pas réalisé que ça faisait si longtemps que je n'avais pas écrit. En deux jours plusieurs personnes m'interpellent à ce sujet, mais je n'ai pas vraiment d'explication. En fait ça n'est plus venu de poster des articles sur ce blog. Il n'y a eu aucun manque, aucune tentative de produire quelque chose, pas de discutions intérieures à ce sujet. Mon attention ne se posait tout simplement plus là.

Alors que c'est il passé ces derniers mois ? Tant de choses... et en même temps au moment où j'écris, tous ces évènements sont engloutis dans cet indéfinissable infini. Mais vous savez quoi ? Ce que La Vie m'apprend c'est de devenir profondément humaine. Tendrement humaine.

Simplement humaine...

Et puis elle est partie, la dame de la corniche.

Après avoir passé des nuits à rafraichir son front brûlant et à guetter son souffle qui s'épuisait. Après avoir passé des jours à l'écouter parler sans arrêt, elle qui avait perdu l'usage de la parole... elle est partie. Mais pas sans crise de larmes en voyant près de son lit son mari décédé dix ans plus tôt et son père qui avait rejoint l'au delà depuis encore plus longtemps. Pas sans résistance afin de repousser l'inéluctable... 

Ce n'était ni romantique, ni serein, c'était délirant. On la croyait en train de passer et d'un coup elle était plus présente que jamais. Elle ne se nourrissait plus, mais je voyais de temps en temps que de l'invisible on venait lui déposer quelque chose qu'elle recevait dans le creux de sa main tendue. Elle ramenait sa main à ses lèvres et mangeait consciencieusement cette manne divine...

Son corps décharné ne la portait plus, et pourtant ses yeux immensément bleus me parlaient de son hyper conscience. Pendant plusieurs jours et plusieurs nuits d'affilées elle est restée ainsi : les yeux grands ouverts.... parce que les fermer et s'endormir c'était partir... elle n'y arrivait pas. Elle était à la fois ici et là bas. Nous en avons parlé. Doucement je lui racontais la lumière dans laquelle elle pouvait se laisser aller. Elle m'avouait son impuissance à lâcher prise. Elle n'était plus que l'ombre d'elle même, et moi je n'étais plus moi, je n'étais plus qu'elle.

Enfin elle est arrivée au bout de sa vie, étant retombée dans son mutisme elle m'avait pris la main pour la poser sur son cœur ... Sa fille est arrivée et je suis rentrée chez moi. Elle a glissé dans ce sommeil profond induit par la morphine et quelques jours après, elle s'en est retournée en son infinité.

Et puis le jour s'est levé beau comme un ciel qui se déroule dans son camaïeu de bleu. Tout était tranquille et heureux. L'indicible paix qui me crée engloutissait tout dans son silence immobile. Cela sourit d'une douceur exquise. Un sourire intemporelle qui défit l'entendement.

Quand il n'y a plus de crispation sur ce qui est vécu cela vous traverse sans laisser de trace. Tout est vécu pleinement, intensément, chaleureusement, humainement, puis tout s'évanouit dans cette ouverture béante sur l'infini. On ne retient rien. Quoi qu'il arrive, cela passe. Ce qui demeure, dans une persistance tranquille, c'est cette montagne de sérénité.

Ce qui demeure et s'amplifie, c'est un amour immense pour tout ce qui est.

Dans une profonde et respectueuse humanité.

Domiji

Ps : je tiens à saluer la compétence et le dévouement des infirmières, nous avons travaillé ensemble avec harmonie, compassion et même humour. Ce qu'appréciait notre douce amie en partance qui avait l'élégance de s'amuser de nos petites espiègleries...  

 

 

 

 

 

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M
Quelle belle leçon d'Amour vous nous donnez!
R
Merci pour ce beau partage.<br /> <br /> Bisous.<br /> <br /> Rv
D
Bisous Dom :0))