Madhuri

Publié le par Domiji

swami Ramdas à gauche, avec Ma Anandâ Moyî

Je viens de terminer la lecture du livre "la piste" de Madeleine Le Boul, dite "Madhuri".

J'ai envie de lui rendre hommage, tant son parcours est courageux et sa détermination à aller au bout d'elle-même exemplaire. Son expérience peut faire écho à notre cheminement sur la voie de retour. Elle est touchante car elle avait peu de repaire pour s'orienter ou valider ses étapes. Elle ne vivait pas à l'air d'internet, où la communication sur tout, et parfois sur n'importe quoi, est accessible à l'instant. Quasiment rien à l'extérieur ne venait confirmer son vécu intérieur.

Madeleine était une jeune femme vivant en Bretagne à l'époque de la dernière guère mondiale. Étant scout c'est tout naturellement qu'elle a pris en charge, avec deux autres amies, un groupe d'enfants réfugiés dans la région. C'est aussi durant cette période de vie délicate qu'elle perd foi en un Dieu personnel.

Malgré l'effondrement et le vide intérieure que cette prise de conscience provoque, elle continue avec amour à aider une foule de personnes en déroute due aux conditions de la guère qui sévit dans toute l'Europe.

Un jour elle tombe gravement malade et doit être alitée. Au cours de cette maladie, qui la cloue au lit, elle sombre dans un vide encore plus insondable et découvre la plénitude de l'Être...

Elle guérit et à partir de là sa perception de la vie change, le retournement s'est produit mais ce n'est que le début d'un long dépouillement du petit moi :"C'est comme s'il y avait une harmonie derrière qui règle tout, une harmonie qu'on ne voit pas, qu'on ne connaît pas et où tout se résout en soi-même." écrit-elle.

C'est aussi à l'occasion de cette maladie qu'on lui offre un livre sur Ramakrishna. Son premier contact avec l'Inde. Elle poursuit son travaille auprès des enfants et sa vie est parsemée d'expériences spirituelles et d'ouvertures sur l'unité de la vie qu'elle ne peut partager.

"Jamais elle ne dit rien à personne. Elle ne peut pas, c'est inexplicable. Peut-être cela en aiderait-il d'autres si elle en parlait? Elle ne sait pas, et n'y réfléchit même pas. Mais sûrement cet amour là, cet amour étonnant, qui est en soi-même et viens de soi-même, est reçu par ceux qui l'approchent sans même qu'elle le sache, parce que c'est un amour rayonnant, c'est un amour qui est dans tout. La parole n'est pas nécessaire, trop souvent elle rapetisse ce qui est grand. Et cet amour est si grand, que la parole ne peut le saisir. Il a un autre langage, c'est celui de la lumière. Comment la parole pourrait-elle traduire le langage de la lumière? Cet amour est si grand, c'est un amour qui est pour tout,

Parce qu'il est pour rien."

Les années passent avec son lot d'épreuves et d'aller/retour entre le moi et Cela. Pourtant elle s'abandonne de plus en plus à cette guidance intérieure en acceptant même des activités professionnelles peu valorisantes mais qui lui permettent de mettre de l'argent de côté en vue d'un voyage en Inde. C'est au début des années soixante qu'elle part enfin, en bateau,  avec le souhait de rencontrer Ramdas. Elle ne sait rien de Lui, et pas grand chose de l'Inde, mais depuis qu'on lui a suggéré d'aller dans son ashram, son nom danse dans son cœur.

Avant d'aller à Anandashram où vit Ramdas qui deviendra son Guru, elle va recevoir le Darshan de Ma Ânanda Moyî et d'autres swami, dans le nord et à l'est de l'Inde.

Elle fera de nombreux longs séjour en Inde, usant ainsi l'illusion d'un moi séparé, jusqu'à se retrouver Un avec tout ce qui est. Mais dans quelles conditions, mon Dieu! L'Inde des années après guerre était très dure pour les occidentaux, et encore plus pour une femme seule. Il va lui falloir tout lâcher et vivre parfois dans le dénuement le plus complet, subir aussi les humiliations de l'orthodoxie Hindous qui traitait les étrangers comme des intouchables...

Tout au long de son récit, elle est émouvante d'humilité, de persévérance et d'abandon à Ce Qui Est.

"Elle découvre un jour que l'intérieur est devenu comme l'extérieur, qu'il y a un état  au-delà du bonheur et de la souffrance, un état dans lequel avoir de l'argent ou n'en pas avoir, manger ou ne pas manger, être humilié ou reçu à bras ouvert, être ici ou être là, n'ont plus de signification. Dans cet état tout ce qui doit être est bien et une félicité indescriptible en découle."

 Elle sera présente à la mort de son Guru Ramdas. Mais il continuera à vivre en son cœur et à la guider dans cette spirale qui l'emporte de plus en plus profondément en Soi.

"Chaque geste, chaque action, chaque parole n'est plus qu'une vibration éternelle de la lumière éternelle."

"Son corps est cela, son corps est aussi le tout. Il est une apparence du tout. Il se forme et disparaît en Cela. Des courants passent, créent des formes, qui sont des condensations plus ou moins denses de Cela en un point donné...."

"Tout est déjà là. Il n'y a pas de commencement ni de fin à Cela. Il n'y a rien avant, rien après. Tout est toujours là."

Madhuri a fini sa vie en France dans la Drôme, à Dieulefit je crois.

Tous les passages entre guillemets sont extrait de son livre "La piste" récit d'une aventure spirituelle. Guy Trédaniel éditions de la Maisnie.

Namaskar Madhuri!

Domiji

Ps : Madhuri : un swami lui a donné ce prénom qui peut être traduit par "douce comme le miel"

Rectification : J'ai reçu un mot du neveu de Madhuri. Elle a terminé sa vie dans un ashram près de Valence en Espagne. 

 

 

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D
Merci pour ce partage comme tout ce que vous partagez avec le coeur
R
Superbe découverte.<br /> Merci.