petit clin Dieu
Il y a quelques semaines, lors d'une journée moins froide que les autres, j'allais prendre ma pause déjeuner dans le grand parc de la ville où je travaille actuellement.
Le ciel hivernal avait cette tonalité bleu vif nous invitant à une ample respiration. Le soleil à peine doux mais brillant était à son zénith. Il inondait de lumière les arbres du parc, magnifiant leur couleur automnale.
Assise sur un banc je savourais le flamboiement chaleureux des feuilles qui semblait rendre toute la canicule de l'été dernier, comme un retour de flamme, dans un dernier sursaut d'or, de rouge cramoisi, d'orange feu, de rouille, de rose aurore, de jaune éclair, et de marrons chauds se mariant harmonieusement avec le vert profond des forêts.
Il y avait peu de monde dans le parc, et je me remplissais les yeux avec gratitude des nuances somptueuses dont se parait la nature avant de se replier dans le sombre hiver. Soudain je vis au loin un adorable écureuil bondissant sur le tronc d'un arbre, grimpant dessus à grande vitesse, sautant de branches en branches puis dévalant de son arbre encore plus vite pour traverser en courant un espace à découvert afin d'aller se précipiter sur l'arbre d'en face, montant vers les plus hautes branches, avec une agilité et une légèreté remarquable, pour en redescendre dans une urgence que lui seul pouvait comprendre... Je le regardais faire ses acrobaties avec fascination. Tout en lui était joyeux, vif, pétillant de vie. La fourrure qui l'habillait était d'un beau roux foncé. Il était bien dodu, avec une jolie queue en panache toute touffue.
Je n'étais pas la seule à avoir remarqué le petit rongeur en pleine effervescence. Une jeune femme marchait tranquillement sur le chemin qui passait devant le banc où je me tenais assise, son visage tournée en direction du jeu de l'animal. Elle s'arrêta même à quelques mètres sur ma droite pour mieux le voir courir d'un arbre à l'autre et elle sortit son téléphone de la poche de sa parka pour essayer de le prendre en photo.
C'est à cet instant qu'il se passa quelque chose d'insolite : l'écureuil qui venait encore une fois de descendre de son arbre, stoppa net sa course, se tourna vers l'endroit où je me tenais. Il fixa son regard sur moi. Puis, comme si il me reconnaissait (?) il se mit à courir à toute vitesse dans ma direction. Je n'en croyais pas mes yeux, il se dirigeait droit sur moi ! La jeune femme qui assistait à la scène me regarda éberluée, puis tourna à nouveau son visage vers le petit fauve qui se précipitait vers moi sans dévier de sa trajectoire. On sentait que la seule chose qui comptait pour lui à l'instant était de venir me rejoindre, il ne me quittait pas des yeux et traversait le plus vite possible, avec une grande détermination, tout l'espace qu'il y avait entre nous.
On était toutes les deux figées sur place, lorsque le petit animal arrêta sa course en pilant juste à un mètre de moi. Il me regarda droit dans les yeux une dernière fois et repartit en courant sur la gauche pour grimper sur l'arbre qui se trouvait plus loin disparaissant dans ses branches ensoleillées.
Cela avait été si surprenant, de l'ordre du merveilleux, que la personne témoin de la scène qui venait de se dérouler sous nos yeux, n'avait pas eu le réflexe de prendre sa photo. Elle était restée les bras ballant, l'appareil au bout des doigts. Elle me dit que c'était incroyable ce qui venait se passer...
Oui, la magie de la vie qui toujours nous renvoie la lumière de notre regard quand il a l'innocence de l'enfant qui sait voir le merveilleux en tout.
Joyeuses fêtes de fin d'année à tous!
avec amour,
Domiji