Cat's darshan

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Cat's darshan

C'était il y a deux ans. J'accompagnais une dame atteinte de la maladie d'Alzheimer . Son état nécessitait une présence constante . Je venais remplacer son auxiliaire de vie qui avait un grave problème de santé et avait été hospitalisée en urgence.

Le fils de la dame que je devais assister, m'avait précisée que l'ex-auxiliaire de vie demeurait à temps plein chez sa mère, avec son chat. C'était un animal assez sauvage, ne se laissant approcher par personne, et il avait disparu lors de l'hospitalisation de sa maîtresse.

C'était une maison de plein-pieds, avec une grande terrasse entourée d'un joli jardin. On me demanda donc de veiller à laisser de la nourriture pour le chat qui devait se cacher dans le jardin. Etant une amoureuse des chats cela ne me posa aucun problème; bien au contraire, je pensais que ce serait agréable d'avoir ce gentil compagnon à quatre pattes pour égayer mes journées... Mais voilà, les jours passaient, les semaines défilaient et le chat continuait à se cacher dans le jardin. Je l'apercevais de temps en temps partir en courant alors que je sortais sur la terrasse mettre à manger dans sa gamelle, et changer son eau. Il avait un pelage beige doré et blanc. Il s'obstinait à me fuir. Il fuyait tout le monde, pourtant il restait dans la propriété.

D'un coup, cette année là ,une vague de froid venue de Sibérie s'abattit sur la France. La petite ville du sud-est où je travaillais ne fut pas épargnée, de plus un vent terrible soufflait faisant chuter la température à - 10° voir - 15 °. Tout fut rapidement figée dans un carcan de glace . Beaucoup de canalisation furent gelées. Sortir faire les courses devenait une véritable épreuve, le vent glacé cinglait le visage... le mieux était de vivre sur les réserves, et d'attendre que ça passe en calfeutrant la maison. J'allais fermer les volets lorsque je vis le chat hurlant devant la baie vitrée. Il avait senti qu'il ne résisterait pas à cette chape polaire qui nous tombait dessus et demandait asile....

Je lui ouvris la porte et l'installais dans un coin de la maison. Il ne se laissait toujours pas approcher mais acceptait la cohabitation vu les conditions climatiques.

je téléphonais à sa maîtresse , toujours hospitalisée, pour la rassurer sur le sort de son chat . Elle me confia que son état nécessitait une longue période en maison de repos et elle me demanda de le garder jusqu'à sa convalescence. . .

Les semaines passèrent , le temps devint plus clément, et le chat et moi nous fîmes bon ménage. Sa présence distrayait aussi la dame que j'accompagnait, bien que chaque jour, elle me demandait d'où sortait ce chat !

Il ne venait jamais sur moi, mais on se comprenait bien, il acceptait quelques caresses . Parfois, quand nous regardions la télé, il venait se coucher près de moi. Il s'instaura comme une forme de télépathie entre nous, une communion silencieuse et tendre. Il semblait comprendre tout ce que je lui disais. Je percevais en moi ce dont il avait besoin.

Je rentrais tous les week-end chez moi, l'auxiliaire qui me remplaçait prenait aussi soin de lui, et quand j'arrivais le lundi il m'attendait au portail , ses yeux me clignotant une belle lumière de bienvenue.

Tout doucement nous nous étions attachés l'un à l'autre.

La fin du printemps arriva et sa maîtresse , qui avait pu rentrer chez elle, me téléphona pour me dire qu'elle allait passer récupérer son chat.

Le coup au coeur ! Je réalisais que j'étais TROP attachée à lui, que cette petite vie gracieuse et légère avait ensoleillé mon quotidien, le parsemant de petites touches de tendresses et de joies ...

Il était assis devant moi ,ses yeux rayonnant doucement son amour, je lui expliquais que nous allions devoir nous quitter.

Tous les jeudis ,la dame dont je m'occupais partait en accueil de jour, ce qui me permettais d'aller faire les courses et de faire une pause. On avait convenu que ce serait ce jour là que l'ex-auxiliaire viendrait récupérer son chat.

En l'attendant je m'étais allongée sur le canapé, le coeur serré, j'essayais de me relaxer. C'est alors que le chat sauta sur le canapé et s'approcha de moi à pas de velours. A ma grande surprise il s'étendit de tout son long sur moi, coeur contre coeur. Je ne bougeais plus. Jamais il n'avait fait ça. Nous étions devenu de vrais amis, mais jamais il n'avait été aussi "intime" avec moi. Il me regardait intensément, ses yeux lumineux plongeant dans mes yeux, il ronronnait doucement sa tendresse et ne me quittait pas du regard... des flots d'amour passait de son coeur à mon coeur. je me laissais noyer dans ses yeux d'or....

Alors, il y eut un grand silence, un instant d’Éternité...

...Il n'y avait plus de "chat" et de "moi". Il n'y avait plus rien qu'un vaste espace lumineux, remplie d'une vie intense: La Vie Une, qui n'en finit plus de s'aimer tendrement. Il n'y avait plus de séparation, ce que je pensais être "le chat" et "moi" 'était dissout dans un absolu d'amour, là où tout est UN...

Et puis le film de la vie se remit en route,et nous reprîmes chacun notre rôle. Il partit avec sa maîtresse et je retournais à mon travail.

Il s'appelait Théo ! (Theos=Dieu en Grec)

Théo gracias !

Domiji

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