Plus près encore

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C'est tellement là, tellement près, plus près encore... le corps est perçu comme une cohésion d'énergie vibratoire, un amalgame d'une intelligence subtile, avec une tonalité amoureuse qui en maintient l'assemblage, la Vie le pulse.

Nous pouvons rester à ce niveau, et nous prendre pour ce corps, ou plus subtilement, pour une âme imprégnant un corps... Mais si nous nous reculons un peu, nous pouvons nous percevoir comme le mouvement de la Vie se déployant en une multitude de formes, de nuances, de sons, et de senteurs; puis, encore un léger glissement de perspective et nous nous vivons alors comme l'Espace dans lequel tout apparaît, et si nous nous laissons absorbé dans cette infinitude, nous sommes l'Illimité dont il ne peut rien être dit.

Mais que nous nous prenons pour ce corps limité, ou cette petite personne jouant son rôle tragi-comique, il n'y a pas un dixième de seconde où Cela n'est pas, il n'y a pas un millième de millimètre qui ne soit pas Cela.

C'est encore plus près que ça. Tout se tient en Cela, et tout est le fait de Cela. Rien n'est bon ni mauvais en Soi, c'est le jugement qu'on a sur les choses qui leur donne une tonalité particulière. L'apparent mouvement de vie se déroule dans son immuabilité silencieuse. Le merveilleux est là.

Inutile de se projeter dans les étoiles, ou dans je ne sais quel autre plan de conscience, ou dimension. Juste rester là, contenant tout ce qui apparaît dans le champ de vision, le vivant comme une partie intégrante de nous-même, c'est cela qui est extraordinaire. Pas besoin de méditation, de silence, de position particulière du corps, de nourriture spéciale, ou d'absence de nourriture, mais une présence entière, à ce qui est dans l'instant.

Une intensité.

l'Amour.

Soi.

Pas de feu d'artifice, pas d'illumination, pas de transe.

Mais l'extraordinaire intensité de l'instant dans lequel tout est contenu.

Mais l'émerveillement de se vivre en tout.

Mais l'assourdissant silence qui explose de joie.

Et un profond respect pour tout ce qui est.

Dieu c'est nous. Non pas toi, ou moi, ou qui que ce soit de particulier, mais l'ensemble de tout ce que nous sommes, de tout ce qui est. Là.

... J'avais 27 ou 28 ans, j'étais assise sur mon lit et je m'interrogeais sur Dieu. Ma quête, depuis une dizaine d'années, m'avait conduite à comprendre son omniprésence. Mais pas à la vivre. (Je n'avais pas encore été en Inde et je n'avais aucune connaissance de l'existence de mon sweet Guru qui n'est rentré dans ma vie que trois ans plus tard).

J'étais assise sur mon lit, et je réfléchissais intensément à Dieu. Je n'étais pas en méditation, je n'effectuais pas de rituel, je ne priais pas. je n'avais aucune posture particulière. Je pensais profondément au fait que Dieu était omniprésent et que je ne le sentais pas ! Et cela m'irritait un peu. j'étais "uni-pointé" sur Cela. Ma pensée était plutôt du style :" mais, nom d'un chien, pourquoi je ne le sens pas, puisque tout est Lui ?" Je tournais cette idée dans tous les sens et je faisais comme une sorte de fixation sur le fait que puisque que tout était Dieu, je devais le ressentir en moi. Je n'en démordais pas. je ne lâchais pas. Je ne demandais pas de preuve, je ne souhaitais pas je ne sais quelle apparition extérieure à moi-même, j'étais juste entièrement là, obstinément acharnée à Le vivre en moi...

C'est là que le Ciel s'est ouvert et m'est tombé dessus en m'écrasant. Pour décrire ce qui s'est passé je suis obligée d'utiliser ces sortes d'images. Il y a eu comme une déchirure brutale dans la tête (?) provoquant un jaillissement de la Puissance Divine, d'une telle force, d'une telle amplitude que je me suis sentie écrasée sous le poids de l'impérieuse Présence sans forme; je n'étais plus qu'un noyau, une densité égotique qui formait comme une boule, sur laquelle ce torrent Divin déferlait . Mais la boule ne cédait pas. Elle était remplie de désirs, de rêves, de vouloir, de peurs, de moi.

Toute la pièce fut nimbée d'une couleur rose-dorée. Tout mon être fut submergé d'un Amour incommensurable. La Puissance de ce flot allait tout emporter. J'allais disparaître en Cela... malheureusement le poids du désir me fit supplier :" pas encore, je voudrais tellement vivre une nouvelle histoire d'amour..."

Immédiatement, le flot puissant diminua d'intensité et il y eut comme un mouvement de retrait. Il restait un flottement de parfum divin, une tendresse qui s'éternisait, mais le moi n'avait pas cédé, le poids du désir de vivre des histoires personnelles dans ce monde d'illusion était encore trop fort. Et il semble qu'il ait fallu des années de sadhana, (et deux ou trois histoires d'amour bien fracassantes...) pour user cette opacité qui me séparait de l'essence du Ciel.

La sadhana ne mène personne à la "réalisation", mais je crois qu'elle permet d'alléger le poids de l'égo chargé de tous les rêves qui le maintiennent dans l'illusion de la séparation. Cela est toujours là. Omniprésent. La sadhana s'effectue en Lui, j'irai jusqu'à dire que c'est Lui qui fait la sadhana ....

C'est l'idée d'être un individu rempli d'ambition personnelle (qu'elles soient terrestres ou spirituelles !) qui nous sépare de notre réalité divine. Il est bien entendu que ce ne sont pas les "histoires d'amour" ou les autres histoires, qui empêchent de vivre dans la transparence de l'Être, c'est l'idée qu'on a de soi-même et de Dieu. En d'autres termes, les vasana n'empêchent pas Dieu, elles se vivent en Dieu, mais elles nous enchaînent dans l'illusion d'un individu séparé vivant des histoires personnelles... hors de Dieu !

Tout se déroule sur l'écran de la Conscience. Tout se produit en Cela. La sadhana ou le satsang allège l'idée d'être une entité particulière, en usant ou vidant certaines poches de désirs. Se dégagement permet la vue d'ensemble, mais n'amène pas la fin du je(u).

Cela appartient à Cela ! parce que ce n'est pas nous qui vivons quelque chose de particulier, mais Dieu qui semble se révéler à travers Son apparente manifestation.

Domiji

Rassouli : revealing the self

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