Dans les jardins de Sai
Les jardins de l'ashram sont magnifiques. Les fleurs, les plantes, les arbres s'y épanouissent avec bonheur.
Au moins une fois par jour, j'en fais tout le tour, m'extasiant devant le mariage fuchsia et blanc de ces gros bouquets de bougainvilliers pétillants de joie dans cette tendresse enlacée.
Mais ce matin j'y ai vu un arbre comme pour la première fois, alors que j'ai dû passer cent fois devant. Je l'avais déjà vu, mais je ne l'avais pas regardé. Je le frôlais du regard, mais je ne m'étais pas arrêtée.
Quand on regarde avec le cœur, Ce Qui Est révèle sa splendeur.
Et là, je le vis, tout frémissant d'amour, il m'attendait. Grand, fort, plantant ses racines puissamment dans la terre, un lierre, à grosses feuilles vert amande et vert foncé, s'enroulant amoureusement autour de son large tronc qui s'élançait vers le ciel, s'ouvrant en quatre bras robustes se divisant en des dizaines de branches chargées d'une multitude de petites feuilles retombant tout autour de lui, le couronnant d'émeraudes serties des fils d'or du soleil naissant.
Une merveille.
Je restais plantée devant lui, le remerciant pour cette beauté solide qu'il m'offrait. Son immobilité joyeuse fouillait la terre sans vergogne pour s'y encrer profondément, alors qu'il s'étirait de tous ses bras ouverts dans l'immensité azurée, chatouillant le ciel de sa verte chevelure, traversée de lumière, soufflée d'un vent léger.
je ne pouvais plus bouger, je tombais en amour, je me mis à ondoyer avec lui, à vibrer avec lui... je ne fis plus qu'un avec lui. Il m'accueillit généreusement en sa puissante vie.
Nous échangeâmes notre amour dans une joie silencieuse bien que fusaient, de-ci de-là, comme des petits rires d'enfants commettant une espièglerie.
Il vibrait dans toute la plénitude de son être. Dans toute sa joie d'être. Dans toute son intensité d'être. C'était l'arbre bonheur. C'était l'arbre de vie.
Puis chacun de nous repris son apparence, dans cette manifestation séparée.
Je le remerciais de sa tendre bienveillance à m'avoir fait goûter, dans son intimité, ce déjeuner de soleil, me portant au bout de ses branches enrubannées de lumière , me nourrissant de ce morceau de pain de terre, venant de ses racines parfumées d'épices variées.
je repartais émerveillée de sa protection bienveillante, l'arbre heureux m'avait donné son darshan, et j'avais touché ses pieds, et en touchant ses pieds, j'avais touché son ciel...
Dieu vient nous aimer par toutes les manifestations de Sa Vie.
Dieu se sépare de lui-même pour mieux s'embrasser.
Domiji