Innocence

Publié le par Domiji

"Peace" de Deb Broughton

Une fois que Cela a été vu, sondé dans son espace illimité, touché dans son unité, éprouvé dans son Amour parfait, le retour au personnage se fait en douceur. Ce n'est plus vécu brusquement, mais comme une légère contraction définie, après une extension infinie, sans plus jamais se sentir séparé de cette immensité, ni de rien de ce qui est.

Bien que la focalisation sur le petit moi revienne, il n'est plus perdu de vue cette essence amoureuse qui nous vit, on n'oublie plus ce gouffre de Lumière qui reste la seule réalité, et pas ce mirage de la personnalité. Le petit personnage, délesté d'épaisseurs égotistes ce vit alors comme l'innocence de l'enfance. Ce moi semble s'être allégé de toutes formes de soucis inhérent à une vie d'adulte "normal".

Demain ne viendra jamais. Le présent est la seule réalité. L'instant est donc vécu intensément, en pleine conscience, en totale confiance, et tout se qui se présente sur le moment relève de l'émerveillement. Il y a un jeu. Jeu de pistes, jeu de rencontres, jeu de cache-cache avec le Divin, "court après moi, que Je t'attrape". C'est assez surprenant, dès que l'esprit se vit totalement dans le fait que "Tout est Dieu", il y a des basculements de situations quasi spontanés. Ce n'est pas une compréhension, ni une idée qu'on se rabâche.

C'est un touché qui s'éprouve.

Il semble y avoir comme une succession de tests, de mise en situations qui pourraient être pénibles ou embarrassants, et en même temps le petit personnage s'abandonne en confiance à cette Immensité qui se joue ainsi, et à son tour semble mettre au défi cet absolu d'amour par un "puisque tout est TOI, tout est parfait" qui paraît tout harmoniser comme par magie.

L'enfant se laisse porter par le courant. Parfois il y disparaît complètement, il n'y a que le paysage, ou la scène qui se joue peuplée d'autres personnages, qui deviennent aussi transparents et traversés par cette Unité lumineuse. Dans cet Espace tout est accueilli de façon assez neutre, bien que teinté d'une tendresse amusé.

Mais tout n'est pas vécu ainsi. Il y a aussi comme des remontées gastriques d'ego. Des irritations enflammées dues à une attente. Le petit personnage s'attend encore à ce que les autres se comportent selon ses idéaux du fait de cette Unité effective. C'est une projection. Cet assemblage d'idées vient encore du concept de ce qui doit être ou pas. Cette attente ne peut être que déçue devant l'évidence : à l'instant ils se vivent ainsi. Cela se vit ainsi. Cette déception produit un effondrement salutaire qui défait toute envie d'espérer quoi que ce soit de qui que ce soit. En même temps, on ne se sent plus aucune obligation de souscrire à l'attente des autres.

Alors un nouveau délestage s'opère et la légèreté de l'être s'envole dans sa joie enfantine. On a à s'occuper de rien, Cela s'occupe de tout. Cela est une Intelligence bien plus grande, spacieuse, ingénieuse, lumineuse et aimante que toutes les stratégies du mental qui ne cherche qu'à sauvegarder l'image de l'ego dans l'assemblage de croyances erronées.

Il est ressenti une sécurité bienheureuse, bienfaisante, un soulagement même, dans cet abandon à Ce Qui Est. Ce n'est pas une sorte de protection contre les autres, les événements, la société, le monde, mais une intégration que tout est Cela, quoi qu'il se passe. Quelque soit l'endroit où le personnage se situe, il est en Cela. Et Cela est immensité amoureuse et vivifiante qui prend soin de chaque mouvement de Sa vie. Encore une fois, ce n'est pas une affirmation positive, c'est un vécu de l'intensité vibratoire et unifiée de l'existence.

Il n'y a donc rien à faire d'autre que se laisser être par l'Être, dans une innocence joyeuse et ludique, accompagnée d'une puissante sensation de plein, de touché; ce touché s'étendant à tout l'espace qu'embrasse le regard.

Plus rien n'est attendu, on se laisse vivre amoureusement par cet instant magique. Plus rien n'est espéré des autres, qui sont vécus par cette immensité heureuse, et on ne se soucie plus de coller au rôle que les autres attendent de nous.

Quand on laisse enfin tout tel que c'est, on est tranquille, on entre en Paix.

Domiji

(publié le 18 Décembre 2014)

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R
&quot;Mon esprit de plus en plus s'allait simplifiant... Mon âme est demeurée dans son centre qui est Dieu et ce centre est en elle-même où elle est au-dessus de tout sentiment. C'est une chose si simple et si délicate qu'elle ne se peut exprimer. On peut parler de tout, on peut lire, écrire, travailler et faire ce que l'on veut, et demeurer collé à lui par une union d'amour dans le fond de son âme, où tout est dans le calme et dégagé des sens.&quot;<br /> <br /> Marie Guyart, alias Marie de l'Incarnation, Lettre de 1626
D
Superbe, c'est ce que je me disais hier : le personnage joue son rôle et à l'intérieur le cœur est fondu dans le cœur Universel... Tiens, ça m'inspire une nouvelle poésie amoureuse ...
R
Magnifique.
B
A la lecture de ta prose poésie magie divine je me suis envolée telle une bulle qui, éclatant de rire, s'est fondue au Tout.<br /> Incommensurable Amour<br /> Babouji
D
Miroir de ton Innocence. Quand cette bulle joyeuse s'est fondue au Tout, les éclats de rire qu'elle contenait ont saupoudré le monde de ta joie.