le corps sans matière

Publié le par Domiji

le corps sans matière

Je marchais dans la campagne, entourée des parfums de l'été. Le ciel était lourdement chargé de nuages gris foncé, l'orage allait éclater. Les marguerites violettes et les roses oranges étaient comme magnifiées par la noirceur du ciel; il exaltait le vert de la végétation et le rouge des pivoines avaient une senteur poivrée.

Imperceptiblement le léger glissement se produisit, le décor défilait en cet espace ouvert. Puis, au lieu de voir tout par ce regard qui se caressait d'amour en la somptuosité de sa nature éphémère, je vis mon corps non pas fait de chair, mais assemblé d'air et d'eau , de feu et de lumière. Il était transparent et tourbillonnant de toute la vie qui s'affairait à le construire tel que je l'imaginais. J'en goûtais l'eau qui l'abreuvait et l'inondait de mille vies pétillantes de joie. J'en étais l'eau fraîche et désaltérante, j'étais la Source même de ce liquide limpide qui hydratait le corps. Je me touchais d'eau, et en même temps je me respirais d'air et ce souffle de lumière en s'unissant à l'eau la moirait d'or.

Tout se passait en même temps. Je percevais l'assemblage du corps non pas en sa matière mais en son essence première, non pas tout d'une masse terrestre, mais en un composé de différentes vibrations d'éléments qu'on appelle : eau, feu, air, éther, amour, lumière... Cet assemblage merveilleux se mariait et se défaisait suivant des pulsations, des battements, une rythmique issue de l'Intelligence de vie au cœur de la Vie-une. Cela dansait de joie, cela crépitait de feu, cela tourbillonnait d'amour et cela puisait dans tous les éléments de la nature de quoi alimenter son existence. cela se sustentait de l'humidité de la pluie, du feu des éclairs, de la lumière du jour, de la beauté des fleurs, de la puissance de l'air, des couleurs du ciel et des parfums de la terre.

la Vie se rassemblait là, dans une attraction ludique et aimante, en de multiples vortex, éclatements, embrassements, fusions, enchevêtrements, frictions, éclosions, et autres turbulences joyeuses qui s'offraient en transparence nimbée d'une lumière cuivrée.

Je percevais ce corps débarrassé de toute sa lourdeur terrestre, de toute sa douleur de chair. Il n'était en fait composé que d'éléments légers comme le vent et pouvait, en une fraction de seconde, s'éparpiller dans la nature par le souffle de l'Inconnaissable, chaque élément retournant se fondre en sa source, eau dans la mer, air dans le vent, feu dans l'amour.

Il resterait la Lumière, l'essence première

depuis toujours.

Domiji

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