La vie ordinaire

Publié le par Domiji

Des questions me sont posées, je vais tenter d'y répondre ici, ce sera l'occasion d'une nouvelle mise au point.

"Comment je vis le quotidien?"

Et bien tout simplement je fais ce qu'il y a à faire. Parfois j'aimerai ne plus rien avoir à faire pour me laisser engloutir dans la vacuité. Mais ce n'est pas ce qui se produit alors on fait avec ce qui est. Il y a toujours des obligations, mais souvent elles sont vécues comme un rêve qui passe. Par exemple, je travaille sept jours d'affilée, 24h sur 24. Et bien à la fin de la semaine c'est comme si je n'avais travaillé qu'un jour. Le temps et l'espace ne sont plus perçu de la même façon.

Je suis une personne ordinaire et je continue à vivre une vie ordinaire.

Beaucoup de choses sont vécues dans la neutralité. En fait elles ont peu d'importance. Toute ces crispations qu'on a sur son petit personnage, et comment les situations ou les personnes devraient être se défont dans la vision de l'unité de la vie. Il y a donc une nette réduction de réactivité mais cela n'est pas de l'indifférence. Là où beaucoup voient un drame, il est vu une occasion d'ouverture en l'indicible.

Certains évènements peuvent cependant me toucher douloureusement. Je constate alors un effet de lutte intérieure du fait même qui je puisse encore être atteinte par une situation donnée. Puis il y a une sorte d'accueil entier à l'idée que quelque chose me touche. Dès qu'il y a accueil, il y a ouverture, et tout se dilue dans cette vastitude. Plus on se ferme et on se bat contre quelque chose, plus on l'amplifie en lui donnant de la consistance, on se durcit et tout est pris de plein fouet. Quand on s'ouvre à l'émotion en lui laissant toute la place, elle diminue d'intensité, elle se perd dans l'infinité. Il arrive que ce soit instantané.

D'autres fois je réagis comme lorsqu'on regarde un film : on est à fond dedans, on pleure, on rit, on est angoissé, ou indigné, bref toute la gamme des émotions humaines. Puis le film se termine et on retrouve son état naturel. Ce n'était qu'un film. Et bien dans la vie de tous les jours c'est pareil. On joue le jeu, puis on retrouve son état naturel, il ne s'est rien passé.

Absolument en tout et tout le temps je vois le mouvement de la vie-une dans son jeu d'une diversité bouleversante. Et même si je me sens être moi, ce petit moi est le mouvement de cette vie infinie. Et quand je me sens être cette vie infinie, il n'y a rien qui ne soit pas moi...

Cela ne veut pas dire que je suis tout le temps dans une sorte d'extase amoureuse, loin s'en faut, et je ne pourrais plus fonctionner dans ce monde. La plupart du temps je suis juste tranquille, ou, pour être plus exacte, il y a une tranquillité de base, puissante, profonde, dans laquelle se produit le mouvement de la vie. Certaines infirmières avec qui je travaille m'appelle le moine bouddhiste du fait de la paix qui semble émaner de ma personne et qui du coup tranquillise les autres.

Il y a aussi beaucoup de gratitude, et la capacité à voir la justesse de la vie. Il y a véritablement une magnifique intelligence qui orchestre tout, et tout ce que nous vivons est exactement la meilleur chose pour nous à cet instant.

 Le plus souvent il y a une vision d'ensemble, comme si je n'étais qu'un immense œil embrassant tout, sans qu'il y ait de moi en particulier. Cet état est complètement asexué, aucune identification à une polarité particulière, aucune attente, aucun discussion, aucun jugement.

Pourtant, il y a des instants où je me sens encore trop éloignée de l'indicible, je me sens entortillée dans cette forme minuscule, circonscrite à ce moi, soumise à une histoire définie ... ça attise la flamme amoureuse du retour au Soi, ça embrase le feu de la libération. Une exaspération presque insupportable semble provoquer le retournement. La prise de conscience aiguë que "tout est cela" peut se faire alors n'importe où, n'importe quand, avec n'importe qui. D'un coup se produit comme un mouvement de retour arrière et la vague redevient l'océan. L'idée d'être une personne séparée s'efface dans l'unité de l'être. Totale sécurité. Profonde sérénité.

Mais cela peut se manifester sans cause, comme ça peut s'éprouver dans l'état d'Amour pour la vie, Dieu ou le Soi. On tombe éperdument amoureux de ce qui est, on est Un avec tout ce qui est. Cependant la vie se joue dans la diversité, à travers des corps et autres expressions de sa manifestation. l'Un ne va pas sans l'autre, apparemment ! 

On me demande si je me suis effectivement évanouie physiquement lors de ses "embrassements de lumière". Non, c'est l'idée d'être une personne qui s'évanouit. Cependant il arrive que je ne puisse plus voir le monde tant je suis inondée de lumière. Il est également arrivé de tels débordements d'Amour que j'ai cru que mon cœur allait éclater. Il peut se produire une communion avec l'indicible au point  que le corps se fige sans plus pouvoir participer au jeu du monde... D'autre fois c'est l'inverse, il y a un tel embrasement d'Amour pour tout, que tout est vu et accueilli dans une grande tendresse, le feu du cœur semble dépasser la sphère physique s'étendant dans un vaste rayonnement d'une nuance rose-orangé, teintant tout d'aurore. Touchant tout de joie.

Je n'ai pas d'autres projets que de vivre Dieu en conscience à chaque instant. Tous les autres projets qui se présentent à mon esprit son évalués et subordonnés à ça. Tout ce qui pourrait me distraire de ça est vite écarté par cette empreinte karmique qui dépasse toutes les autres. Je ne vis que pour ça. Et tout me ramène à Cet instant où cela est ainsi. Absolument tout participe à ce retournement. Mais c'est vrai pour tout le monde. Il suffit d'en prendre conscience.

Vu de l'extérieur ma vie n'est pas magique. Sur le plan mondain, elle est même peu enviable. D'un point de vue intérieure, elle est béante sur l'infini, et cet infini m'aspire en une plus grande vastitude....

Non, Dieu ne s'est pas révélé à moi. Il y a la révélation qu'il n'y a pas de moi, il y a  le jaillissement de la vie qui se joue ainsi à chaque instant. Non, je ne suis pas illuminée. Il y a la Lumière qui se déploie du fait de l'évanouissement de la croyance en un moi particulier.  

Là se trouve la paix.

Tout est vu comme le jeu de la conscience.

Tout est la vie qui se danse.

Domiji

 

 

 

 

 

 

 

 

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S
Merci de cette authenticité qui nous éclaire sur la Vie tel qu'elleEst<br /> J'apprends de plus en plus à accueillir ce qui Est.....j.ai l'impression de me rapprocher de ce "je-Je"!
D
Plus proche que le souffle, dans chaque battement de cœur, dans tous les mouvements, à chaque instant.... Cela se danse ainsi
P
Magnifiiiiiiique !!!!!!!
D
@:o))