Ruisselante de joie

Publié le par Domiji

Ruisselante de joie

Il n'y a aucune séparation entre ce que l'on se pense être et l'Etreté, ce que l'on est réellement. Cela semble se concentrer en un point particulier de l'existence et ainsi entortillé sur lui-même, ce point particulier se prend pour une personne à qui il arrive des tas d'histoires (ou une personne à qui il n'arrive rien, mais ça aussi c'est encore une histoire !).

L'eau de la rivière venant se tordre en un point de son parcours, de façon accidentelle, reste idéalement eau se déversant dans son cours. En rien elle n'est affectée par ce vortex qui s'est formé sur son trajet. Ce nœud ainsi formé n'en est pas moins entièrement eau. Si le nœud reste focalisé sur lui-même, il se vit étranglé dans un tourbillon qui se recrée encore et encore et tourne sur lui-même dans son angoisse existentielle. Il parait enchaîné à cette racine plantée dans le lit de la rivière qui semble avoir provoqué accidentellement ce tourbillon. Pourtant l'eau glisse et continue sa route, il n'y a rien en fait qui soit noué à la racine, juste une illusion. Il n'y a aucune cassure, coupure, séparation, juste une manifestation différente de la même substance, l'eau. On pourrait croire qu'il y a une particularité de l'eau en cet endroit, mais en réalité, à chaque instant l'eau passe se jouant de la racine qu'elle contourne. Ce n'est jamais la même eau entrainée dans ce vortex fatidique, semblant accrochée à la racine, et pourtant c'est toujours que de l'eau. Si on arrache la racine qui crée ce tourbillon accidentel, tout redevient lisse et paisible, l'eau coule tranquillement, égale à elle-même sans interférence.

En vérité, racine ou pas, l'eau reste telle qu'elle est.

Ruisselante de joie.

Y-a-t-il jamais eu interférence ?

On s'est pris pour la racine à force de tourner autour, on y adhère. On  essaye de la transformer, de la rendre plus souple, plus belle, plus utile, plus ingénieuse. On l'amènage. On s'en occupe tant qu'elle devient notre seul centre d'intéret. Elle prend une ampleur et une force prodigieuse, un pouvoir même qui nous obsède, qui nous envahit. Elle prend toute la place, on ne voit plus qu'elle. On se fige en cette branche et on y demeure pétrifié de solitude et de frayeur. Pourtant l'eau continue de couler tranquillement et son murmure se rappelle à nous. On essaye alors de couper la branche pour replonger dans l'eau, et il en repousse dix bras supplémentaire, jusqu'à faire une barrage aux flots de la rivière. Finalement, à bout de force, on laisse tomber et c'est en cessant de s'en occuper que la fascination s'effondre. Ainsi, naturellement, on s'en décolle, on s'en déroule, on se déplie de là, et on se déploie en Cela. De là on voit que jamais on a été accroché à ça !

Toujours on a été l'eau bondissante courant se jeter dans les bras de la mer...

En vérité, racine ou pas, l'eau reste telle qu'elle est.

Ruisselante de joie.

Domiji

Ruisselante de joie
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